– Documents reçus de Kaboul – Le dernier rapport des Nations Unies confirme ceux du Mouvement spontané des femmes afghanes

[Communiqué n°7 du CIDFA – 23 juin 2023]

Le récent rapport des Nations Unies, présenté le jeudi 15 juin par le rapporteur de l’ONU pour l’Afghanistan, Richard Bennett, confirme les tortures physiques et psychologiques par lesquelles les talibans tentent de liquider et réduire au silence les protestations des femmes afghanes. Le rapport parle d’une « généralisation de la discrimination systématique auxquelles les femmes et les jeunes filles d’Afghanistan sont soumises. »

Le rapport de l’ONU affirme que les talibans ont privé les femmes afghanes de tous leurs droits politiques et sociaux, et ont mis en place un gouvernement sans femmes, composé exclusivement d’hommes. Le rapport souligne que depuis août 2021, « un des exemples les plus parlant sur la discrimination systématique contre les femmes et les jeunes filles en Afghanistan, est la publication incessante d’édits, de décrets, de déclarations et de directives qui restreignent leurs droits comme leur liberté de mouvement, leur liberté vestimentaire, leur liberté de comportement, et leur accès à l’éducation, au travail, à la santé et à la justice. »

Richard Bennett révèle dans son rapport que les manifestations pacifiques des femmes à Kaboul et dans les autres provinces, qui ont élevé leurs voix contre la remise en cause de leurs droits, ont été brutalement réprimées par les talibans, afin de les empêcher de se poursuivre, de s’étendre et de se renforcer : « les talibans ont brutalement frappé les manifestantes, et les ont soumises à de la torture et à des violences sexuelles. » Les talibans ont enlevé des centaines de manifestantes : soit pendant les manifestations, soit en se rendant dans leurs maisons la nuit, pour les envoyer dans des lieux de détention inconnus. Dans la plupart des cas, les talibans nient leur implication dans les enlèvements, les arrestations et les meurtres des femmes, mais après avoir reçu des pressions nationales et internationales, ils ont dû relâcher certaines femmes détenues dans les prisons, tant officielles que secrètes.

Richard Bennett met en avant dans son rapport que certaines des manifestantes ont été relâchées des prisons talibanes, à condition qu’elles « cessent leurs activités de protestation, et qu’elles gardent le silence sur la manière dont elles ont été traitées (par les talibans) et moyennant rançon ». Non seulement les talibans emprisonnent et torturent les manifestantes, mais ils menacent, arrêtent, emprisonnent et tuent les membres des familles des femmes qui manifestent ou des hommes qui défendent les droits des femmes. Comme exemple récent, nous pouvons évoquer l’arrestation, la torture et l’emprisonnement des professeurs Ismail Mashal et Matiullah Wisa par les talibans.

Dans ce rapport, les Nations-unies saluent la bravoure et la résistance des femmes afghanes contre les Talibans : « alors que les femmes et les jeunes filles sont fatiguées, leur résistance et leur lutte pour la dignité humain… continuent de manière pacifique et créative ».

Le Mouvement spontané des femmes afghanes a toujours souligné le fait que les Etats-Unis et leurs alliés étaient responsables de la tragédie actuelle en Afghanistan, en remettant le pouvoir entre les mains des talibans pour leurs propres intérêts stratégiques et sans considérer le sort réservé aux femmes afghanes. Heureusement, le rapport des Nations Unies critique les Etats Unis et le cas particulier des femmes, car ils ont passé sous silence la question du droit des femmes lors des négociations avec les talibans à la Doha en 2020 par « opportunisme politique ». Le rapport déclare que : « dans l’accord de la Doha qui ouvre la voie au retour des talibans, il n’y a pas une seule mention des droits des femmes, ni aucune garantie pour les préserver ».

Le Mouvement spontané des femmes afghanes demande aux Nations Unies de ne pas seulement révéler et condamner les actes brutaux des talibans contre les femmes afghanes, mais de mettre en place des mesures pratiques nécessaires et effectives. Les Nations Unies et la communauté internationale ne doivent plus être les témoins de la privation, la torture et du meurtre des femmes afghanes sous le joug des talibans. Le gouvernement misogyne des talibans ne devrait pas être reconnu, aucun tapis rouge ne devrait être déroulé sous ses pieds à l’occasion des conférences internationales.

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