Mesdames, messieurs, chères et chers amis et camarades,
Il y a un mois, à l’occasion de la Conférence internationale des femmes travailleuses, qui a réuni les femmes et des militantes politiques et syndicales de 18 pays (Algérie, Allemagne, Belgique, Bénin, Chili, Colombie, État espagnol, États-Unis, France, Haïti, Hongrie, Italie, Maroc, Mexique, Pakistan, Philippines, Roumanie, Turquie), et répondant positivement à l’appel du Mouvement spontané des femmes afghanes, nous avons constitué le Comité international de défense des femmes afghanes.
Ce comité international, comme nos sœurs d’Afghanistan nous l’ont demandé, vise à soutenir ces femmes et ces jeunes filles qui, au péril de leur vie, manifestent pour la réouverture des écoles dont le régime taliban leur a fermé les portes, pour le droit au travail, pour le respect de leurs droits les plus élémentaires. Il vise à lutter contre la répression féroce dont elles sont victimes : assassinats, torture, arrestations et disparitions, dans le silence complice des gouvernements des grandes puissances. « Pain, travail, liberté ! » demandent-elles. Vous êtes d’ores et déjà des centaines à travers le monde à voir rejoint notre comité, de l’Afrique du Sud à la Grande-Bretagne, de la Turquie à la France : ouvrières, enseignantes, avocates, syndicalistes, écrivaines, artistes, militantes, etc.
Dans ce premier communiqué, nous publions deux documents exceptionnels qui nous arrivent de Kaboul : deux communiqués du Mouvement spontané des femmes afghanes des 18 et 11 novembres et les photos des réunions qu’elles ont tenues ces derniers jours à Kaboul. Vous trouverez également deux premières listes de signataires, de Grande-Bretagne et de France. Rejoignez-nous, faites connaître la cause des femmes afghanes, c’est la cause des femmes et des travailleurs du monde entier !
Rubina JAMIL
Secrétaire générale de la All Pakistan Trade Union Federation (Pakistan)
Christel KEISER
Secrétaire nationale du Parti ouvrier indépendant Démocratique (France)

Communiqué du Mouvement spontané des femmes afghanes
(18 novembre 2022- Kaboul, Afghanistan)
« Les femmes et les jeunes filles veulent du pain, du travail, la liberté, l’école et l’éducation ! »
Rapport sur la réunion de protestation des femmes afghanes contre les arrestations arbitraires et les enlèvements de militantes.
Le 18 novembre, des centaines de femmes des provinces de Kaboul, Herat, Laghman et Balkh avaient prévu de protester contre l’arrestation et l’enlèvement de femmes par la police et les services de renseignement des talibans, mais ces derniers ne les ont pas autorisées.
Elles ont donc été contraintes d’exprimer leurs protestations dans des réunions d’appartement pour faire entendre leur révolte contre l’oppression au peuple afghan et au monde entier. Nous publions ici un résumé du discours de Mme Z. Ozra, la représentante du Mouvement spontané des femmes afghanes lors d’une réunion tenue à Kaboul :
« Chères amies et chères sœurs,
Les sœurs réunies ici voulaient organiser aujourd’hui une manifestation dans les rues du douzième district de Kaboul, auquel d’autres sœurs : enseignantes, féministes, militantes des droits des femmes et mères d’élèves, devaient également participer. Malheureusement, les talibans ont une fois de plus traité les femmes avec brutalité. Ils ont réprimé notre manifestation et ne l’ont pas autorisée. De la même manière, certaines sœurs qui ont manifesté dans les villes de Jalalabad, Herat, Mehtarlam Baba et Balkh ont été battues et menacées avec des armes, certaines ont été emprisonnées.
Mais je tiens à souligner et à dire aux talibans qu’ils ne pourront pas faire taire nos voix. Les femmes et les jeunes filles d’Afghanistan veulent du pain, du travail, la liberté, l’école et l’éducation. Nous ne voulons pas être traitées comme des animaux, nous ne pouvons tolérer la violence sexiste et l’apartheid sexuel à l’égard des femmes. Nous sommes déterminées à poursuivre nos protestations et notre lutte sous quelque forme que ce soit. Nous n’avons pas peur des menaces des talibans, de la prison et de la mort.
Nous attendons des organisations de défense des droits de l’homme, des défenseurs des droits des femmes et des activistes féministes qu’ils soutiennent les femmes opprimées d’Afghanistan contre le régime misogyne des talibans et qu’ils ne nous laissent pas seules dans cette lutte difficile.
• LE PAIN, LE TRAVAIL ET LA LIBERTÉ !
• Libérez toutes les femmes emprisonnées !
• Réouverture immédiate de toutes les écoles de filles !
• Arrêt de la violence contre les femmes ! »

Libérez Zarifa Yaqoubi, Farhat Popalzai et toutes les militantes arrêtées !
Dans la lignée d’une série de menaces, d’arrestations, de tortures et de meurtres de manifestantes à Kaboul et dans d’autres provinces de l’Afghanistan, Farhat Popalzai, membre active du « Mouvement spontané des femmes afghanes », a été arrêtée par les services de renseignement talibans le 8 novembre 2022 à Kaboul. À l’heure qu’il est, nous ne savons rien du sort qui lui a été réservé.
Selon un rapport de BBC-Dari, cité par Maryam Naibi, une collègue de Farhat Popalzai, son téléphone est éteint depuis le 8 novembre, 14 heures, et tout lien avec elle est interrompu. Les forces de sécurité des talibans et la police de Kaboul refusent, comme toujours, d’admettre l’arrestation de Mme Popalzai. Mais le fait est que les services de renseignement des talibans cachent les arrestations arbitraires pour empêcher des manifestations nationales et internationales contre le traitement brutal qu’ils infligent aux femmes afghanes. Ils ne peuvent accepter les luttes politiques civiques et pacifiques des femmes afghanes.
Pendant ce temps, des organisations des droits de l’homme ont signalé les arrestations de plusieurs femmes : Mmes Ozra, Parwaneh, Farzia, Safia, Roheena, Asia, Mahtab, Laila, Bibi Shaima, Parvin, Brishna, Tarana, Bibi Lima, Marzia et Shaghofa dans les provinces de Kaboul, Herat, Laghman et Takhar. Selon leurs familles, les militantes féministes et enseignantes mentionnées ont été arrêtées par les talibans et emmenées dans des lieux inconnus en octobre et novembre, parce qu’elles avaient participé à des manifestations de femmes.
Zabihullah Mujahid, le porte-parole des talibans, a prétendu que la lutte et la résistance des manifestantes sont une stratégie téléguidée par des puissances étrangères pour discréditer le gouvernement taliban et il a prévenu qu’il ne sera autorisé aucun mouvement allant à l’encontre des lois islamiques.
Il faut rappeler que le 3 novembre, Zarifa Yaqoubi et quatre de ses collègues ont été arrêtées durant une conférence de presse dans l’ouest de Kaboul et que leurs familles n’ont toujours aucune nouvelle d’elles. La Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA) et des organisations pour la défense des droits de l’homme et des droits des femmes, en Afghanistan et dans d’autres pays, demandent la libération immédiate de Zarifa Yaqoubi et de toutes les autres femmes emprisonnées.
En plus des prisons officielles, les talibans ont des prisons privées dans lesquelles ils torturent leurs opposants et les manifestantes, les empêchent d’être en contact avec leurs familles et avec des organisations de défense des droits de l’homme ou d’avoir un avocat. « Nous vous invitons à exprimer votre solidarité et à vous tenir aux côtés des femmes d’Afghanistan »
Le Mouvement spontané des femmes afghanes, en condamnant l’arrestation des manifestantes et le traitement inhumain qui leur est réservé, appelle toutes les organisations pour les droits des femmes et toutes et tous à faire pression sur le régime misogyne des talibans : pour mettre fin aux arrestations et à la torture des manifestantes et pour la libération immédiate de Zarifa Yaqoubi et de ses collègues, de Popalzai et des dizaines d’autres manifestantes dans les prisons des talibans. Nous vous invitons à exprimer votre solidarité et à vous tenir aux côtés des femmes d’Afghanistan.
Les talibans doivent savoir qu’en réprimant, emprisonnant, torturant et tuant des femmes ils n’arriveront pas à réduire au silence la voix de la liberté et de l’égalité des femmes afghanes. Le Mouvement spontané des femmes afghanes est un mouvement indépendant de femmes en Afghanistan qui, en coordination avec d’autres groupes de femmes afghanes, continue à lutter pour la liberté, les droits civiques et le droit à la vie des femmes afghanes.
Mouvement spontané des femmes afghanes,
11 novembre 2022, Kaboul, Afghanistan

FRANCE
Parmi les deux cents premières adhésions au Comité international, en France, ont été reçues celles de : Mohamed Abdi Tahir, association Solidarité franco-somalienne, Le Relecq-Kerhuon ; Auriane Aït Lasri, maire-adjointe PCF de Douai ; Natalia Andrade, femme travailleuse, mère de famille, étu- diante en droit, université de Limoges ; Néjia Bacha, avocate ; Nassera Benmarnia, adjointe au maire de Marseille, divers gauche ; Arno Bertina, écrivain ; Ariane Bois, romancière et journaliste ; Lionel Borée, conseiller municipal des Mureaux ; Nicole Bouexel, Mouvement de la paix, Malakoff ; Morgane Bougeard, restauratrice, Brest ; Rony Brauman ; Fernand Carré, cheminot, LFI, Chartres ; Dominique Carton, militante PCF, Clichy ; Nathalie Caudron, syndicaliste territoriaux ; Anne Champigny, militante associative ; Martine Chenet, élue municipale à Rozérieulles ; Claude Cognault, militant associatif ; Laetitia Delbe, pédiatre ; Marie-Hélène Delavaux-Roux, maîtresse de conférences (université de Brest) ; Célestine Denèle, secrétaire de l’association féministe « Patin collectif » (à titre personnel) ; Nathalie Desjacques, syndicaliste ; Amandine Dhée, écrivaine ; Mama Doucouré, conseillère municipale de Montreuil, déléguée aux droits des femmes ; Martine Duthe, syndicaliste CGT ; Lydia Frentzel, élue écologiste (Marseille) ; Natacha Gallego, militante LFI ; Annick Galliani, déléguée CGT Carsat (Marseille) ; Solène Gaudin, maître de conférences (université Rennes-2) ; Olivia Gazalé, philosophe féministe ; Riva Gerchanoc, présidente de Combat laïque, combat social – Fédérer le peuple (Clcs-Flp) ; François Goglins, PS, maire de Villemanoche (89) ; Sylvie Gohier, secrétaire de l’UL CGT de Dreux ; William Gohier, militant syndicaliste anticapitaliste ; Zohra Hassoun, femme ; Marie-Laure Henner, syndicaliste SUD Éducation ; Brigitte Jeannot, avocate ; Sandra Lamotte, syndicaliste ; Anne-Catherine Levecque, secrétaire nationale du POID ; Marie Maher, écrivain ; Naïma Maoui, enseignante ; Émilie Marche, conseillère régionale LFI Rhône-Alpes ; Catherine Marchi, collectif Droits des femmes ; Pascal Mazet, conseiller régional PCF Occitanie ; Danielle Merian, avocate ; Guillaume Meurice, humoriste ; Florence Montreynaud, historienne ; Brigitte Moranne, syndicaliste, fédération CGT santé ; Isabelle Mulquin, syndicaliste ; Françoise Oriol, militante associative ; Élisabeth Ornago, syndicaliste ; Véronique Parisot, maître de conférences (université de Bourgogne) ; Céline Prier-Cheron, syndicaliste enseignante ; Kalila Sevin, militante LFI, suppléante du député Manuel Bompard ; Christelle Simon, secrétaire du syndicat CGT des affaires scolaires (Paris) ; Geneviève Simon, syndicaliste ; Claude Theil, retraité, Parti socialiste ; Nadia Tiar, avocate ; Clothilde Vega-Ritter, conseillère municipale socialiste, Clichy ; Catherine Weinzaepflen, écrivain ; Jérémy Zorzer-Pépi, syndicaliste CGT.
GRANDE-BRETAGNE
Parmi les premières adhésions au Comité international, en Grande-Bretagne (à titre personnel) : Jo Rust, Secrétaire de l’Union locale des TUC de King’s Lynn, conseillère municipale indépendante ; Ian Hodson, Président du syndicat de l’alimentation et de la boulangerie BFAWU ; Sarah Woolley, Secrétaire Générale du BFAWU ; Andrea Egan, Présidente nationale de UNISON ; Libby Nolan, Vice-présidente de UNISON ; Amerit Rait, Vice- président de UNISON ; Jane Doolan, membre de la Commission exécutive nationale de UNISON, secrétaire de la section d’Islington ; Rebecca Brookman, Commission exécutive nationale de UNISON ; John McInally, Ancien Président du syndicat PCS, Jane Gebbie, syndicaliste Unite et Leader adjointe du groupe des élus Labour conseil municipal de Bridgend ; Shiraz Durrani, Labour Party Tottenham; Margaret K. Taylor, Trésorière de l’Union locale des TUC de Rochdale ; Mike Calvert, secrétaire adjoint UNISON Islington ; Makbule Gunes, Conseiller municipal Labour de Tottenham ; Cathy Brennan, section Labour de Hornsey & Wood Green; Jo Alexander section Labour de Tottenham ; Avril Baker, section labour de Hornsey & Wood Gree ; Stefan Cholewka, Secrétaire de l’Union locale des TUC de Rochdale ; Diana James, Secrétaire adjointe, Islington UNISON ; Briony Densham, secteur scolaire Islington UNISON; Charles Charalambous, Labour Internationalist ; Fiona Monkman, Présidente UNISON Islington ; Melanie Kitchen, Présidente de l’Union locale des TUC de Oldham ; Alan Davies, Secrétaire de l’Union locale des TUC de Oldham ; Henry Mott, Unite Southwark ; Carmel Cadden, Labour party Tottenham ; Tony Rimmer, Unite Community Branch Liverpool; Audrey White, Secrétaire de Liverpool Contre la guerre ; Jackie Yems, Unite Branch 1431 ; Sheila Coleman, Unite Liverpool ; Anna Rothery, Unite, conseillère municipale indé- pendante de Liverpool ; Sam Gorst, Conseiller municipal indépendant de Liverpool ; Gerard Woodhouse, Conseiller municipal de Liverpool ; Peter Durrant, Unite ; Nick Phillips, Unite, Lambeth et Southwark ; Phil Maxwell, réalisateur ; Hazuan Hashim, réalisateur; Doreen McNally, Liverpool Unite Community branch ; Paul Filby, secrétaire de la section construction de Unite, Liverpool ; Sabrina Bryan, commission femmes UNISON Islington ; Mick Gilgunn, conseiller municipal Labour Islington ; Karen Bellion, Labour de Liverpool Walton ; Jo Thomas, Labour Clwyd West ; Mark Blake, Conseiller municipal, Labour de Hornsey & Wood Green ; Noeleen Grattan, UNISON Haringey et section Labour de Hornsey & Wood Green ; Margot Leicester, section Labour de Hornsey & Wood Green ; Keith Dobie, Haringey & Barnet Unite Community ; Mel Lee, UNISON Islington. Organisations syndicales : Islington UNISON Branch Committee ; Unite the Union Greater Manchester Unite Social Action Branch NW/389.